A ma grand mère...

mercredi 27 juillet 2011

Face à la vie




MERCREDI 27-07

Onde annoncée, pour la 3ème fois cette semaine nous sommes en vigilance jaune, la dernière a donné naissance à la tempête DON dans le golf du Mexique.
Nine est au Surf, soleil, grains, tout va bien, elle n’a plus peur

Céléri rémoulade, saucisson ibérique
Côte de Bœuf barbecue, purée de brocolis et haricots verts au parmesan
Prunes jaunes


FACE à LA VIE…

« Le onze janvier mille neuf cent quatre vingt dix neuf à treize heures trente trois minutes est née, à Béziers, Hérault, Centre hospitalier, Jade Catherine, Béatrice du sexe féminin, de Robert François Assémat, né à Béziers, le 15 mai 1945,et de Catherine Madeleine Caillaud, née à Nantes, le 13 septembre 1965, qui l’ont reconnue en  notre mairie le 02 octobre 1998 suivant reconnaissance anticipée n°727.
Dressé le 12 janvier 1999 à 17heures 02 minutes sur la déclaration du père, qui, lecture faite et invité à lire l’acte a signé avec nous, Florence Liranzano, officier de l’Etat civil par délégation du Maire de Béziers. »

Nous sommes un lundi, il fait froid dehors, depuis 3 jours et quelques heures j’arpente, j’attends, je m’impatiente, j’ai peur.
Après 2 nuits et 3 jours passées à son chevet, à la rassurer, je suis rentré, lessivé, à bout de forces d’impuissance, pour être réveillé à 7h ce matin, mon dieu elle serait déjà morte de ses couches, au siècle dernier, tant de souffrances, c’est inimaginable, impensable, mon petit soldat, torturé de douleur.
Et je la laisse encore, pour suivre cette femme qui vient de recueillir mon enfant, cyanosée.
 Le rituel de l’enfant né posé sur le ventre de sa mère n’a même pas été envisagé, tant l’urgence de la situation a mis sa chape de plomb sur cette salle blanche dont les rideaux sont fermés.

L’obstétricienne et les sages femmes, quelque peu dépassées par les évènements s’affairent, sans doute aurait il mieux valu une césarienne…
De l’oxygène, vite…

C’est donc  moi qui le premier est chargé d’insuffler à ce petit être tout l’amour et l’espoir que nous lui portons .
Je ne peux y croire encore, elle n’a pas crié, pas pleuré, je n’ose penser au pire et pourtant le hurlement de sa mère une fois délivrée, voyant son enfant lui être retiré sans avoir poussé son cri de vie tant attendu, raisonne encore.
 Non, elle vivra,
 Notre fille vivra.

Me vient alors tout en couvant du regard ce petit bout de 50cms pour 3kgs520, de vagues souvenirs lointains, de ma propre enfance…
Toi qui me regardes pour la première fois de tes yeux bleus, tu ne ressembles encore à personne, tant tu as souffert pour venir au monde, ma première impression serait de dire que tu n’es pas jolie, même un peu laide.
Qu’importe tu portes en toi la vie.
 De ton père, de ta mère, tu auras la force et le caractère d’une vie peu banale, sois en sûre…























En 1886,
Jules Clément Robert nait à Béziers, fils de:
 Justin Robert (1861-1950)compositeur, éditeur de musique et entrepreneur de spectacles,
 Et Françoise Carrière "Doux souvenirs, mazurka de salon pour piano dédiée à ma fiancée mademoiselle Françoise Carrière "

Clément fait ses études à Paris au lycée Janson de Sailly, à l’école de musique NIEDERMERYER, puis au conservatoire avec ALBERT LAVIGNAC et GEORGES CAUSSADE.Il compose une quinzaine d’œuvres de 1906 à 1912 et abandonne la musique pour une femme, ma grand-mère, Eugénie Vidal la fille du régisseur du grand Domaine de la Trésorière à Maureilhan, qu’ils rachèteront ensemble une fois mariés.
Il se fâche avec son père pour lequel cette union était inconcevable et ne lui parlera plus jamais.

( Extrait de : MUSIC IN REVIEW, CANTORI NEW YORK, NEW YORK TIMES :Le 18 mai 2002, en première mondiale à Manhattan, le chef d’orchestre Mark Shapiro dirige «  Ondine » de Clément Robert mon Grand père.)

Ami personnel  d'André Citroën, il devient son collaborateur et crée à Béziers une entreprise d'automobiles et transports en commun.
Son frère, Aimé Robert (né à Béziers en 1891, mort en 1984) suit ses études classiques à Béziers, apprend le piano d'abord auprès de sa mère (qui fût l'élève de HENRI, lui même disciple de CHOPIN). Il commence une carrière de pianiste concertiste et de musicien de chambre qu'il abandonne ensuite pour se consacrer à la maison Citroën à partir de 1920.
Au décès de son père, il revient à Béziers et reprend le magasin de musique jusqu'en 1960.

Clément est làs des querelles incessantes avec Eugénie.

Depuis la mort de son ami, il n'est plus le même, trainant un état second de lassitude.
Malgré ses nombreuses qualités, le goût pour la démesure d'André Citroën et l'expansion trop rapide de sa firme ont mené la société  Citroën à la liquidation judiciaire, puis sa reprise par Michelin pour éviter la faillite.

Clément ne s'en remet pas, Eugénie devenue une femme d'affaires puissante, respectée de toute la bourgeoisie biterroise, n'entend pas s'arrêter en si bon chemin, elle en veut à son mari d'être faible et de tergiverser sans cesse entre un monde de richesse et de pouvoir qu'est le leur, et ses mélodies idiotes qu'elle désigne monde infantile.
Elle en oublie son mari, qui s'est fâché avec sa famille pour elle, et sa musique  qu'elle redoute comme une maîtresse, rivale impalpable et sans visage.
Leur famille n'est plus qu'illusion, leur fils Jean, pilote de chasse, vénéré par sa mère, a disparu à la guerre, et leur fille, Colette, délaissée par Eugénie, ne pense qu'à courir les beaux partis de la ville dans son cabriolet.
Ah, elle a belle allure, c'est vrai, et semble faire payer à sa mère au prix fort l'indifférence maternelle.
Comble de l'humiliation, Eugénie demande le divorce.
Il faut dire que les rumeurs enflent sur ses écarts conjugaux.
Alors un matin, Clément se chausse, traversent les longs couloirs de la propriété du Domaine, pour lequel seul semble battre le coeur de son épouse, le Domaine de la TRESORIERE.

Fille du régisseur de la propriété, elle n'avait eut de cesse toutes ces années à gravir l'échelle sociale et devenir un jour celle qu'elle avait toujours convoité d'être, la maîtresse de ces lieux ancestraux, avec leurs fontaines, leurs hectares de vignobles, et ce passé si prestigieux, demeure des Comtes de Béziers.

Pour Clément, s'en est trop, seul, rejeté de sa femme et de sa fille, son fils perdu, disparu à jamais, son ami parti lui aussi....lui revient alors en mémoire, le discours prononcé par André en 1921, aux fêtes qu'il donna à l'occasion du Salon de l'Automobile...et les quelques mots que lui même lui rendit en mémoire de leurs liens amicaux.
archives " Citroën André et Clément Robert, par Mr Bardel"


 








Les hôtels particuliers, les concessions, les bijoux, les fastes, le train de vie si chèrement gagné, ne compte plus, ne l'intérresse plus.
Il ne se retrouve plus dans cette vie mondaine, loin de ses quartets, sonates, balades, d'ailleurs il ne compose plus depuis longtemps, sans doute est ce bien là son drame.
Tout va trop vite, cette guerre meurtrière, les chevaux sont sous des capôts de tôle et de moins en moins sur les chemins. L'industrialisation a fait perdre aux matins enchanteurs toute la poésie qu'il aimait de la vie.
Du bruit, toujours plus de bruit, ces moteurs qui pétaradent pour aller s'enquérir de toujours plus de pouvoir, jusqu'où ira ce monde qui tourne trop vite et guère plus rond?

Il passa les fontaines, les jardins, et la grande porte, pris le chemin dans la direction des bois de la colline, là où passent bien au dessus des vignes, ce tout nouveau réseau électrique à haute tension qui alimente les villages voisins.
Il se retourna une dernière fois et posa son regard vers la Trésorière endormie, acquisition, fruit de tant d'ambition et de fierté pour celle qui est encore sa femme.
Il gravit tant bien que mal, le poteau metallique, et attendit la décharge mortelle.

Clément s'est donné la mort par électrocution en novembre 1941.

Eugénie veuve, fit face à sa fille Colette, unique héritière.
Une des plus longues et plus coûteuse succession de la région héraultaise débuta alors.

N'eut point lieu de matricide, mais une guerre sans merci, avec pour seuls moteurs l'argent et l'indifférence.
L'argent, car Eugénie était riche à milliard, et par voie de fait, Colette aussi.
L'indifférence, car tout à son drame d'avoir perdu son fils adoré à la guerre, elle en a ignoré sa fille, rendue coupable à ses yeux et dans son coeur à jamais fermé, d'être vivante, elle.
Sentiment implacable, qu'est l'indifférence, si bien que Colette en a fait son choix de vie, séduisant maris et bons partis, et ignorant ses enfants à son tour.

Colette Robert et son 2ème mari, PAUL
Destin d'hommes et de femmes.....

Je  n'ai pu malheureusement y inclure tous les documents retrouvés, vidéo d' André Ctroën , extraits et liens par lesquels j'ai pu recueillir tous ces témoignages,  si l'un de vous peut me donner la solution, je la prends volontiers! Merci à tous


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